Plongeons au coeur de Paris… nous sommes au milieu du XIXè siècle, de nombreux mosaïstes italiens s’installent alors et colorent les monuments de la capitale.

Isidore Odorico et son frère, originaires de la petite Province du Frioul font partie de la vague et s’installent à Tours après avoir laissé leur marque à l’Opéra Garnier à Paris.

En bons entrepreneurs, les artistes artisans se partagent la carte et s’étendent dans tout le grand Nord-Ouest. C’est à ce moment là qu’ils migrent un peu plus vers l’Ouest pour s’implanter en famille à Rennes. Nous sommes en 1882.

Nous sommes à l’entre-deux guerres, les matériaux utilisés sont principalement le marbre ou la pierre et les commandes prises sont en grande partie des restaurations de mosaïques antiques.

Les frères Odorico répondent éventuellement à des commandes passées par des architectes pour les diocèses d’Ille-et-Vilaine et des Côtes-du-Nord, dans la lignée des grands décors des basiliques mariales de la fin du xixe siècle : Notre-Dame de la Garde à Marseille, Fourvière à Lyon, etc. et l’essentiel de leur production est faite de décors au sol notamment dans les entrées d’immeubles ou les boutiques..

La technique indirecte, acquise au pays, permet aux artisans de préparer des motifs de 50 cm de côté en atelier, gagnant ainsi un temps considérable et réduisant les coûts de manière significative.

Cette technique étant particulièrement efficace avec les motifs simples et géométriques – qui, en plus de cela nécessitent moins de découpe des Tesseles – on voit apparaître, avec la seconde génération de mosaïste et le fils, également appelé Isidore Odorico (deuxième du nom), une influence très Art Deco dans les couleurs et l’expression abstraite et géométrique des réalisations Odorico.

Mais la « signature » Odorico ne se différencie pas seulement par sa maîtrise technique. « Odorico savait incorporer dans des motifs en ciment assez sobres de petites pâtes de verre qui font ressortir les couleurs en jouant sur la lumière » détaille Philippe Bohuon, adjoint à l’animateur de l’architecture et du patrimoine du service Rennes Métropole d’art et d’histoire.

La construction de villas dans les stations balnéaires en Bretagne et le développement de son tourisme donnent un petit coup de pouce au développement de l’entreprise de la famille Odorico et à d’autres mosaïstes italiens.

Mais il y a un facteur auquel vous n’avez peut-être pas pensé : l’hygiène.

On peut dire que le progrès de l’hygiénisme à l’époque et la facilité d’entretien des mosaïques (lavables à grandes eaux contrairement aux parquets) font bon ménage !